En attendant l'hibernation
- Le Covid s’éternise. Après ce printemps sinistre et cet été déprimant, Tortue, comment vis-tu l’automne ?
- Je cherche mon bonheur dans de petites aventures … Par exemple, la remontée de la Seudre, cet estuaire large et court qui irrigue le bassin ostréicole de Marennes-Oléron. En septembre, une randonnée festive réunit tout ce qui se déplace sans moteur : marcheurs, cyclistes, cavaliers, embarcations diverses, du paddle à la goélette. Le clou de la fête, c’est l’arrivée des vieux gréements et encore plus des OFNI (objets flottants non identifiés), ceux du moins qui ne se sont pas disloqués auparavant. Beaucoup de vélos étaient des VAE montés par des Anciens - mais non d’anciens cyclos : une population malhabile, raide, souvent hésitante, parfois téméraire. Je me demande si le boom des VAE n’imposera pas de repenser les aménagements cyclables ; à moins que l’hiver ne relègue à la cave les montures de ces néo-cyclos qui oublieraient de les ressortir au printemps ? Quoi qu’il en soit, quand les pédales me paraîtront lourdes, je n’hésiterai pas.
Début octobre, « puisqu’il faut bien que (le cyclo) exulte », nous sommes partis en petit groupe sur la Véloscénie. Beau parcours, bien vert, souvent sur le ballast d’une ancienne voie ferrée entre des rideaux de végétation assez légers pour ne pas trop cacher cette campagne si bien travaillée. De petites gares jalonnent le parcours, à chaque village la sienne, parfois restaurée avec humour.
Quant à l’aventure… Alors que la tempête Alex se déchaînait, que nos copains du club s’affolaient pour nous, nous roulions au sec sous le grand parapluie de Sainte Bécane et contemplions le Mont Saint Michel serti dans le camaïeu de bleus du ciel et de ses reflets sur la baie. Bien sûr, le vent restait frais, la chaussée disparaissait sous un matelas de glands, châtaignes, brisures d’acacias (aïe!), petits et gros bois, arbres tombés qu’il fallait enjamber ou contourner. Mais, comme on dit quand le fricot est trop salé : « ça change ! ».
Zoé