Vive le confinement !
En octobre, il a bien plu ; vraiment bien. Cela m’a permis de tester un imperméable sur lequel j’avais des doutes ; le hic, c’est que pour tester un imperméable, il faut rouler sous la pluie, donc revenir trempé – parce que si on a des doutes, c’est rarement sans raison… Donc, cependant qu’un ruisselet se formait entre mes omoplates, je repensais à quelques épisodes humides de ma carrière de cyclo- tortue.
Puis le confinement est arrivé. Le 11 mai, après 40 jours de grand beau temps, j’avais déconfiné ma randonneuse à minuit pile sous une pluie battante ; le 30 octobre nous sommes entrées en confinement, elle et moi, par une nuit tiède, parfumée, propice au vagabondage. Est-ce la loi de Murphy ?
Mais non, on est très bien à rouler sous la pluie ! Une bonne petite pluie fraîche, chargée de senteurs océanes, qui embue les lunettes et glougloute dans les chaussures ; blouson fermé, on se transforme en machine à vapeur et le textile « respirant » ne sait plus dans quel sens fonctionner. On roule doucement, chacun dans sa bulle ; on se sent vaguement incongru, insoluble dans cette eau qui dissout le paysage et exalte les parfums ; en général, je me mets à chanter. La nuit, aucune berceuse n’égale le chuintement de la pluie sur la toile de tente, mais il faut bien reconnaître que le bivouac dans ces conditions, c’est un sport à part entière : ne pas se mouiller davantage, trouver un coin propice au séchage, cuisiner sans sombrer dans la gadoue… et je ne dirai rien des sorties nocturnes ni du pliage de la toile trempée. La pluie s’est si souvent invitée dans mes vadrouilles que la première goutte réveille en moi une foule de bons souvenirs !
- C’est du masochisme, Tortue, par mauvais temps on est mieux chez soi.
- On ne se plaindra donc pas, cette fois-ci, d’être privé de sortie : en hiver, le canapé a plus d’adeptes que la selle. Donc, vive le confinement ! CQFD.